LA GUERRE DES JOUETS
C'est incontestablement en ce moment, où la fête des jouets bat son plein, la période de l'année où l'activité commerciale du pays atteint son apogée.
Malheureusement, il est à craindre que de cette activité fiévreuse qui règne aujourd'hui, l'industrie française ne tire pas tout le profit qu'elle mérite ; c'est que, comme l'exposait récemment ici même un de nos collaborateurs, les fabricants français de jouets subissent cette année un rude assaut des fabricants allemands. Ceux-ci, en effet, ont pris nettement l'offensive pour tenter de reconquérir la place si importante qu'ils occupaient avant-guerre dans le commerce des jouets sur le marché français.
Or, il convient de le dire sans plus tarder, si cette tentative réussissait, elle porterait le plus grave préjudice aux petits fabricants français.
Nul n'ignore quavant la guerre, les jeux jouets et autres articles de l'industrie parisienne étaient, pour la plus grande partie, de provenance étrangère.
Cette invasion de produits exotiques, savamment maquillés à la mode française, prenait chaque année une ampleur étonnante, un développement de plus en plus inquiétant. Ainsi, il y a quelque vingt ans, en 1901 , les importations de jeux, jouets et autres articles de bimbeloterie, s'élevaient à 14 000 quintaux . A la veille de la guerre, en 1913 , et après avoir suivi une progression régulièrement constante, les entrées de ces articles en France atteignaient 25 000 quintaux , soit une augmentation de 78 % .
Si l'on se tourne du côté de la bijouterie fausse, de ces articles en aluminium, maillechort, objets dorés et argentés, qui excitaient la faconde du joyeux camelot parisien, on retrouve le même siège, le même accaparement inquiétant du marché français. Alors, en effet, qu'en 1901, les importations d'article de bijouterie fausse s'élevaient à 1 552 quintaux en 1913, elles atteignaient près de 4 000 quintaux , soit une augmentation de 158 % ! Chaque année l'importation étrangère gagnait donc progressivement du terrain sur le marché national.
De tous les pays importateurs de ces articles, l'Allemagne, comme on le devine aisément, tenait le premier rang par l'importance de ces envois. Il convient même d'ajouter qu'au cours des dernières années qui précédèrent la guerre, les expéditions de cette puissance avaient pris un développement considérable. C'est ainsi que, de 1901 à 1913, les envois allemands de jeux, jouets et autres articles de bimbeloterie se sont accrus de 8000 quintaux, soit de 55 %, et que ceux de bijouterie fausse ont augmenté de 1707 quintaux soit de 140 %.
Enfin, on appréciera mieux l'importance de la place qu'occupait avant-guerre l'Allemagne dans l'approvisionnement du marché national en articles de l'industrie parisienne, quand nous aurons dit que les envois allemands représentaient en 1913, les 4/5 des importations totales de ces articles.
On comprendra facilement devant l'effort que font actuellement les allemands pour reconquérir leur place d'avant-guerre dans l'approvisionnement du marché français en jeux, jouets et autres articles de bimbeloterie, l'inquiétude qui se manifeste chez les petits fabricants français. Ceux-ci se voient en effet menacés d'une nouvelle invasion d'articles boches qui constitueront du fait du bas prix de la main d'oeuvre allemande et la dépréciation du mark une concurrence redoutable pour les articles d'origine française.
Espérons, cependant, que quoi qu'il arrive, les papas et les mamans de nos jolis bambins porteront de préférence leur goût sur les articles de fabrication française.LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE 8 janvier 1909LA FOIRE AUX ÉTRENNESLES HABILLEUSES DE POUPÉESElle anime toujours Paris d'une vie nouvelle, la jolie foire aux étrennes qui, énorme, bruyante, encombrante, arrêtant, malgré le froid, par milliers, devant ses posticheurs, les promeneurs et les passants des grands boulevards, marque si gentiment du ruissellement de ses ors et des gestes éperdus de ses pantins la transition de l'année qui finit à l'année qui commence.
Elle s'est transformée, à la vérité, en affectant des allures utilitaires qu'elle n'avait pas autrefois et en se laissant envahir par la quincaillerie et la brocante. Ce sont des signes évidents de décrépitude.
Mais M. Lépine a pris heureusement notre foire aux étrennes sous sa protection. L'on sait avec quelle sollicitude très avertie il a inauguré les concours qui ont donné l'impulsion dont elle avait besoin à cette industrie si parisienne du jouet, faite du génie d'une légion de gagne-petit. Ces concours, on peut le dire, ont préservé de la déchéance qui le menaçait le joyeux marché des petites baraques. Il est certain que tous nos intéressants petits façonniers allaient mourir. Ils ont repris courage, créé des ateliers, fait appel aux petites mains et tout un menu peuple des faubourgs, soutenu et récompensé, est revenu à la joie de vivre. Ce résultat est tout simplement admirable.
S'arrêtera-t-on en si beau chemin et n'arrivera-t-on pas de la même manière à sauver de la ruine une autre branche de l'industrie du jouet qui souffre et périclite : la fabrication de la poupée ? La poupée, il faut bien le reconnaître, n'est presque plus française. Il s'en fabrique bien, en France, deux ou trois millions par an . Mais la poupée est un être complexe qui se compose d'une tête de porcelaine ou de bois, de membres articulés, d'un torse en toile bourré de son, etc. Eh bien, le plus souvent, la porcelaine peinte, le bois ouvré, la toile garnie de bourre de ces fantoches nous arrivent d'Allemagne.
Quelquefois, dans ces poupées, les yeux qui paraissent l'âme restent français : on les ajuste à Paris dans leur petite cage de porcelaine allemande ombragée de longs cils. Mais, presque toujours, leurs jolies joues carminées, leur beau front coiffé de si abondants cheveux bouclés, tout cela nous vient du pays de Gretchen et de Dorothée . La fraîche porcelaine que les bambins et les miochesses de France couvrent de baisers passionnés est un produit allemand.
Ne devons-nous pas souhaiter que l'industrie parisienne regagne en ce domaine le terrain qu'elle a perdu ? La poupée ne demeure plus vraiment française que par le chiffon qu'il l'habille. Oui, c'est l'habilleuse de poupées, la fêle et pâle Parisienne des ateliers, qui maintient, à force de travail et de surmenage, la primauté que garde encore cette branche de l'industrie française du jouet.
Cette habilleuse , c'est elle qui véritablement triomphe dans le marché actuel ouvert aux convoitises de l'enfance ; c'est elle la Fée du joujou . Si vous saviez les merveilles qu'elle accomplit et avec quelle habileté elle travaille ! C'est le miracle de la foire aux étrennes, cela. Songez que chacune de ces mignonnes figurines articulées que l'on vendre cinquante centimes (six sous en gros ! ) possède un habillement complet composé de 7 pièces ; il y a le jupon, le pantalon, le corsage brodé, le chapeau toujours ravissant, la collerette, la ceinture, les rubans. Que de détails pour l'habilleuse ! Mais, c'est une fée, je le répète. Elle dote de toute cette garde-robe assortie deux douzaines de poupées par jour, ce qui lui vaut un salaire de 2 fr 50. C'est peu sans doute ; mais ce n'est qu'à ce prix qu'on peut vendre la grosse de douze douaunes de poupées 45 frs aux Anglais et aux Brésiliens !
Il y a tel petit atelier d'habilleuses qui arrive ainsi à confectionner 28000 poupées par an et peut répartir entre quelques ouvrières associées cinq à six mille francs de bénéfices. Et elles sont vraiment somptueuses, ces poupées de six sous. Leurs vêtements sont coupés en des échantillons de soie et de dentelles achetés au rabais dans les grandes manufactures du Nord et de Lyon. C'est du chiffon de soie, très riche, qui ne coûte presque rien. Et c'est si gentiment drapé !
Voilà pourquoi la poupée de Paris garde encore sa primauté et règne en souveraine dans les marchés. Seulement, sa tête est allemande.
- Que voulez-vous, Monsieur, me disait une vendeuse. Nous n'y pouvons rien. Il faut bien que nous soutenions la concurrence. Ces petites têtes allemandes ont même de jolies bouches avec des dents, des dents que le seul fabricant français, qui peut nous fournir ces porcelaines, - quand il le peut, car il en faut beaucoup, a négligé d'indiquer sur ses modèles.
Évidemment, nos habilleuses font de leur mieux. Que la grande industrie leur livre donc les tête de porcelaine à quenottes blanches dont elles ont besoin, elles seront ravies et feront mieux encore. Leur vaillance est au-dessus de tout ce qui peut s'imaginer. Elles prennent souvent sur leur nuit pour achever leur troisième douzaine de poupées, ce qui porte leur salaire à 3 Fr 75. Et elles sont, comme cela, des milliers de Parigottes qui gagnent leur vie à habiller des mannequins bourrés de son et à transformer ces riens inertes en prestigieux bébés.
Elles ont d'ailleurs une doyenne qui leur donne l'exemple du bon goût, du bien faire et de la bonne humeur dans le travail. C'est la femme d'un homme de lettres qui égaya souvent le boulevard du brio de ses articles et laissa quelques oeuvres au théâtre. Sa veuve demande à la confection des robes de poupées l'appoint qui lui est nécessaire pour ajouter quelques friandises à ses repas. C'est fête quand à Belleville, elle vient en visite à l'atelier qui l'emploie, car on l'aime. Une consécration de son talent d'habilleuse lui était accordée récemment par un diplôme du concours de jouets. Elle est âgée de 76 ans !
Jeunes et vieilles petites mains sont ainsi réunies dans cette industrie pour tresser la couronne de fête dont Paris se pare en cette saison. Que la grande ville leur en témoigne toute sa gratitude. Que serait sans elles cette foire aux étrennes qui leur doit toute la grâce de son magique décor ?ATTELAGES AUTOMOBILES ET CYCLESPAR JACKY BROUTIN.Les collectionneurs de jouets automobiles sont parmi les plus nombreux, car les modèles réalisés en près de cent ans d'histoire sont d'une grande variété. Liés de surcroît à l'histoire des techniques et à l'esthétique industrielle, autant qu'à notre vie de tous les jours, ces jouets nous attendrissent et nous instruisent, que nous soyons des fanatiques de vieilles tôles, des inconditionnels du jouet Citroën, des nostalgiques du rétro-50, des puristes du 1:43- ou des « mange-tout pour qui tout ce qui se muent sur quatre roues est bon à collectionner ! A l'intention des uns et des autres, tous passionnes de jouets, nous signalons la sortie du deuxième tome de l' « Encyclopédie des jouets anciens »: « Attelages, Automobiles et Cycles , de Jac et Frédéric Remise, qui constitue, précisons-le, le premier ouvrage consacré à ce sujet, à mettre autant de jouets en valeur (automobiles, attelages, motos) et à faire part des idées , que s'en font les collectionneurs qui les détiennent. Ça aussi, c'est une grande nouveauté dans la littérature consacrée aux jouets de collection. Ainsi ce livre nous permettra, non seulement de mieux apprécier l'infinie variété des jouets routiers produits dans notre vieille Europe, mais aussi de mieux connaître de grands collectionneurs dont les noms ne sont pas étrangers à certains d'entre nous.«...Les automobiles Lehmann, inspirent à Peter Ottenheimer la bonne humeur, parce qu'il les trouve amusantes et pittoresques. L'inspiration qui présida à la création de ces jouets de Nuremberg l'intéresse, car il sait que M. Lehmann tint souvent compte des événements qui firent l'actualité de son temps... les autos « Adler » « Tut-Tut »et « Am-Pol ».... Malgré l'intérêt qu'il porte à cette marque, Peter Ottenheimer place les « tôles » Gunthermann et les Hess sur un plan supérieur, parce qu'elles lui suggèrent des réflexions plus profondes. Les jouets Gunthermann l'enchantent, parce qu'ils sont bien dessinés et que leurs personnages détaillés, ont toujours des tenues (casquettes, chapeaux, pelisses, lunettes, bottes, gants etc.), correspondant à des types de voitures bien précis.« Les lithographies Gunthermann sont en outre assez fines et variée et certaines d'entre elles, comme le vis-à-vis canné, comportent même des ombres. Peter Ottenheimer aime encore les filets dorés de ces lithos qui donnent aux jouets un aspect riche. Ces détails subtils, que certains collectionneurs ne saisissent pas toujours, méritent d'être soulignés.« Bien que différente, la lithographie des jouets Hess n'en est pas moins poussée dans le détail, mais je la vois assez triste et opaque. Quant aux personnages Hess, Peter Ottenheimer trouve qu'ils sont figés sur leur siège, à l'exception des modèles en plâtre, de fabrication plus ancienne. Par contre, il aime les formes de voitures de cette marque, parce qu'elles sont typiques de leur époque mais d'un choix de couleurs assez restreint. On voit surtout des verts foncés et des rouges. Précisons que Hess est l'une des plus anciennes sociétés de Nuremberg, puisqu'elle fut fondée en 1826...« Jacques Milet regrette, avec humour mais sincérité, que les grands constructeurs de jouets n'aient pas pensé à l'avenir, c'est-à-dire... aux collectionneurs: car ils n'auraient pas utilisé des matériaux nouveaux qui ont mal supporté le vieillissement (comme le zamac, qui est un alliage de zinc, d'aluminium, de cuivre et de magnésium), et bien des jouets, comme le fameux train du centenaire et les premiers Dinky, seraient aujourd'hui en bon état. Pour beaucoup de ces jouets, le zamac qui se décompose se fend, ou tombe en poussière ...« Daniel Rémy aime les voitures de course et de Grands Prix (A.C.F., Paris-Madrid, Paris-Vienne, etc....) qui furent luxueusement construites en France. Elles ont en effet de belles silhouettes et possèdent des capotes en cuir, des sièges en satin et des roues équipées généralement de fins rayons. Quand elles sont agrémentées de personnages à têtes en porcelaine, comme c'est le cas pour les autos Vichy, Daniel Rémy est au comble de l'enchantement.« Ainsi, a-t-il sa façon d'apprécier les jouets, en se gardant de subir l'influence des tendances du marché, qui donnent souvent la préférence aux jouets allemands. Il se demande d'ailleurs comment évolueront ces tendances dans un proche avenir. Nous aimerions tous le savoir !...« Pour sa part, Jacques Milet, l'expert, fait un classement sentimental et personnel:1) Charles Rossignol, parce qu'il créa à la fin du siècle dernier, des jouets très artistiques.2) Siegfried Gunthermann, parce qu'il fit preuve d'une grande imagination.3) Ernst-Paul Lehmann, parce qu'il réalisa des voitures à personnages animés .4) Les frères Marklin, parce qu'ils fabriquèrent de bons moteurs.5) Les frères Bing, parce qu'ils travaillèrent en finesse.6) Georges Carette, parce qu'il conçut de grands et beaux modèles à des prix dérisoires...« Jacques Milet pense avec juste raison, que Marklin a eu tort de ne pas agrémenter plus souvent ses autos de personnages. Il cite en exemple la pompe à incendie automobile de 1910 (47 cm), dont l'élégance tient à la seule présence des quatre pompiers qui l'occupent. Pour lui, un jouet n'a vraiment belle allure que s'il conjugue des détails intéressants avec une forme réussie. La voiture-pompe à incendie sans personnage, dont j'ai retrouvé un exemplaire au Musée de Guttingen, en est une preuve évidente...« Walter Storchli partage le point de vue de Jacques Milet et cite en exemple, son tonneau Gunthermann, qui se trouve embelli par la présence de ses quatre personnages. Il pense toutefois qu'avec ou sans personnage, la majorité des autos de cette marque sont des chefs-d'Ïuvre, parce qu'elles ont des lithographies délicates, nuancées et presque toujours ornées de filets dorés. Il apprécie en outre, la subtilité de leurs accessoires, comme le soufflet à sifflet, fonctionnant avec une biellette reliée à l'axe des roues, et les lanternes latérales. Les Gunthermann correspondent à l'image de ce que Walter se fait de la beauté et il se félicite que ces jouets n'aient pas été la copie servile de la réalité, mais l'interprétation intelligente et sensible de l'esthétique automobile. C'est pourquoi il n'apprécie pas outre mesure les jouets plus récents et plus réalistes, comme les Jep ou Citroën...« Le Comte Giansanti-Coluzzi m'expliqua qu'un modèle n'a d'intérêt pour un enfant que s'il représente l'auto de ses parents et lui permet de diriger les roues avec le volant. Conduire ainsi des jouets automobiles fut un plaisir qu'il apprécia avec les Jep et les Citroën, car ces deux marques françaises de l'entre-deux guerres reproduisaient fidèlement les modèles de leur époque et se pilotaient vraiment, grâce à un volant et à un changement de vitesse... « La plupart des modèles anciens qu'il découvrit par la suite, n'avaient pas les avantages techniques qu'il appréciait tant sur les Jep et Citroën, mais il aimait leurs formes et leurs couleurs. C'est ainsi que les jouets de bazar, notamment les Lehmann, au volant fixe et aux carrosseries souvent très fantaisistes, entrèrent dans sa collection, aux côtés des grands classiques. Et alors qu'il n'avait pas apprécié, étant enfant, les voitures avec des personnages, pour la raison qu'il se voyait lui-même en chauffeur, il commença à s'y intéresser, parce qu'il les découvrait maintenant avec le regard de l'amateur.« Mais il conserve un esprit critique à l'égard des Bing et des Marklin, dont il trouve la manipulation du volant peu rationnelle. Il lui paraît irritant d'avoir à soulever cet accessoire, pour le dégager des bagues crantées qui bloquent la direction et de le tourner à gauche pour orienter les roues à droite, et vice versa. Il aurait tant aimé que ces jouets, par ailleurs si bien fabriqués, aient été parfaits sur tous les points !...« Jean Alsac, pense que l'oiseau rare ne se trouve plus sur la branche, et que pour le découvrir, il faut parfois aller plus loin que chez le spécialiste. C'est ainsi qu'il trouva dans un couvent, l'une de ses plus belles autos anciennes, qui était utilisée. avec d'autres objets, pour la rééducation des aveugles ! Pour l'obtenir, il n'eut qu'à se rendre chez un marchand de jouets afin d'acheter un modèle plus récent, donc plus instructif. Après cette démarche, Jean Alsac offrit l'auto à la Mère Supérieure, qui lui donna bien volontiers le vieux modèle en échange.« Ce genre de découverte est rare, mais il témoigne des occasions souvent imprévues qui se présentent dans la vie d'un amateur avisé et attentif. Pour dénicher des jouets aux marché aux puces, j'ai vu des collectionneur astucieux, se promener avec une automobile ou un bateau à la main pour s'entendre proposer, quand la chance les favorisait, un jouet semblable. J'en ai connu d'autres qui utilisaient les petites annonces; d'autres encore, qui réalisaient des expositions pour entrer en contact avec des visiteurs susceptibles de posséder des jouets, etc...« Mais je m'interroge sur l'avenir des collectionneurs lorsque plus aucun jouet ancien ne se présentera à eux sur les marchés. Ceux qui s'en préoccupent se tournent déjà vers des modèles plus récents, voire contemporains, tandis que d'autres, bien pourvus en jouets anciens, échangeront des pièces qu'ils n'ont même pas en double... si bien que quantité de beaux jouets auront ainsi fait bientôt plusieurs fois le tour des grandes collections et que les "made in Japan" figureront, sans pâlir, aux côtés des vieilles tôles millésimées...« Classons maintenant ces collections « sans limite d'âge», pour lesquelles des milliers de personnes s'intéressent déjà, en trois époques bien distinctes:1) 1830-1925.2) 1935- 1945.3) Postérieurs à 1945.« La première époque (celle qui nous intéresse dans cet ouvrage), se caractérise par des modèles d'une facture ancienne, réalisés par des artisans ou des industriels qui ne travaillaient pas sur des données toujours très réalistes.« La seconde époque, évoque l'automobile avec plus de vérité historique car la guerre de 1914-1 modifia les techniques et les exigences des enfants. Et l'on vit progressivemt le jouet en tôle imprimée et agrafé remplacer le jouet en tôle soudé peinte à la main, ou à l'aérographe. André Citroën fut l'un des premier à fabriquer des copies conformes : Trèfle, B14, Taxi B2, Berline C6 etc... « La troisième époque concerne les automobiles postérieures au second conflit mondial : des voitures Schuco aux « tôles » made in Japan, en pasant par les kits en plastique, les 1/43e (dont l'origine est plus ancienne) et les copies de vieux modèles. « Les jouets en métal ne sont hélas plus guère fabriqués aujourd'hui, ils sont d'un prix de revient élevé et jugés plus dangereux que le plastique, à cause des parties coupantes qu'ils présentent en certains points. Pour ces raisons, leur existence future paraît compromise, à l'exception des modèles qui seront encore réalisés à l'intention des collectionneurs et des amateurs... »Jac RemiseFigaro du 25 Octobre 1886INDISCRÉTIONS SUR LES JOUETS
Le mois de décembre est la saison des jouets. Jusqu'au jour de l'an, il s'en fait un commerce très important.
Les jouets sont variés à l'infini. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges ; mais quel que soit leur nombre, ils peuvent être divisés en deux classes : l'une comprend les joujoux qui excitent l'adresse et une activité physique, comme les balles, les toupies, les raquettes, les cerceaux, etc ; dans la seconde classe, nous rangeons ceux qui tendent à développer l'intelligence et la sensibilité : poupées, animaux domestiques, jeux de patience et tous les jeux scientifiques.
Les jouets d'un prix élevé se vendent plus couramment pendant l'année. Au jour de l'an, ce sont les articles bon marché qui s'écoulent en plus grande quantité.
Ce sujet étant d'actualité, il nous a paru intéressant de résumer quelques détails sur différents jouets.
Parmi les jouets les plus répandus figurent le lapin frappeur, les boîtes de jeux, les animaux en carton, les montres dont les aiguilles marchent, etc...
Le lapin qui frappe sur un tambour ou sur un timbre, dès qu'on le fait rouler, est d'un débit assuré. Il s'en fabrique annuellement plus de cinq cent mille. Les plus communs se vendent en gros quatre francs la douzaine et, au détail, on les cote soixante centimes pièce.
La fabrication de ces lapins est peu coûteuse : On y emploie des déchets de toute sorte : les rondelles en bois provenant de la fabrication des huiliers servent à faire les roues, les essieux sont faits avec les vieux manches de parapluie ; les timbres des pendules mises au rebut, les vieilles peaux servent également.
Tout le monde connaît ces animaux montés sur un soufflet : il y en a pour tous les goûts : cheval, chien, chat, mouton, souris. Lorsque l'on presse sur le soufflet, on entend un cri uniforme : couic, couic.
Ces petits objets, qui se vendent deux et trois sous, se fabriquent par centaines de mille.
Et le cheval sans socle, en pâte !
Il est fabriqué avec de vieux papiers que l'on pétrit après les avoir imbibés d'eau. La pâte ainsi obtenue est placée dans un moule divisé en deux parties. Lorsque la pâte est sèche, on souche les deux morceaux, et l'animal est formé ; on le trempe ainsi dans une composition faite avec de la colle et de la peinture qui forme en séchant une sorte de croûte solide. Il ne reste plus qu'à tatouer l'animal, à lui ajouter un carré de peau pour la selle et un bout de cordon jaune ou rouge pour la bride.
Ces chevaux se vendent aux marchands à raison de quarante centimes la douzaine.
La grenouille verte , qui saute au moyen d'une petite pièce de bois, formant ressort, vient en grande partie du Tyrol. Ce sont, la plupart du temps, des bergers qui s'amusent, en gardant leurs troupeaux, à tailler ces grenouilles.
Les canons en bois, les pelles, les râteaux sont fabriqués en grand nombre à Villers-Cotterets. Les dominos, les dés, les jetons se font à Méru, dans l'Oise. Les quilles, toupies, lotos, bilboquets se fabriquent à la Capelle, à Saint-Claude, à Nantes ; le Jura a la spécialité des flageolets. Les maréchaux ferrants qui frappent l'enclume à tour de rôle, le cavalier sans jambes, les petits moulins rouges, tout cela se fabrique à Liesse, dans l'Aisne.
Un petit objet, insignifiant en apparence, et qui est très important au point de vue commercial, c'est la petite montre d'enfant .
Il y a à Paris une dizaine de fabriques de montres d'enfant qui produisent, en moyenne, cent mille montres par jour ; la plus grande partie s'expédie à l'étranger. La montre vendue un sou dans la rue revient en gros à deux centimes. On arrive à un pareil bon marché par suite de la rapidité de la fabrication, et cependant cette montre d'un sou passe entre les mains de vingt ouvriers. La montre de luxe à cinquante centimes, avec un mouvement et des aiguilles qui marchent, à laquelle est adapté un anneau et une chaîne, exige le concours de trente-deux ouvriers.
La ferblanterie pour enfants est une spécialité, et beaucoup de personnes ignorent que les vieilles boîtes à sardines et de conserves, recueillies dans les ordures, sont employées par des industriels pour la fabrication de tous les petits objets métalliques vendus, cinq, dix et quinze centimes. Il y a trois ou quatre fabricants de cette ferblanterie. Ils occupent plus de trois cents ouvriers et ouvrières et font chaque année de beaux bénéfices.
Comme cette industrie exige un capital très restreint, quelques ouvriers travaillent pour leur compte.
Avec quelques outils et des rognures de fer-blanc, un ouvrier intelligent peut produire... des balances qu'il vendra vingt-cinq centimes à la douzaine, des sifflets à dix centimes la douzaine, et encore des petites trompettes, des plats, des boîtes au lait, des cafetières... S'il est habile, il confectionnera à lui seul la boîte de ménage - boîte en carton dont le couvercle est remplacé par un morceau de verre. Au fond de la boîte, on étend de la ouate pour garnir. C'est-à-dire pour qu'il y ait moins d'objets à mettre. On place alors différents ustensiles de table, en fer blanc... et tout cela pour soixante ou soixante-dix centimes la douzaine.
Depuis quelques années, les jouets en caoutchouc ont pris une grande extension . Par suite des perfectionnements apportés dans la fabrication, on est arrivé à faire en caoutchouc toutes sortes d'objets : bonshommes, animaux... et à les offrir à un prix relativement bon marché. Les bébés et les ballons en caoutchouc ont toujours le plus de vogue. C'est par cent mille douzaines qu'il s'en débite tous les ans.
Les jouets mécaniques ont fait beaucoup de progrès . Autrefois, une petite voiture roulant sur le parquet, le cheval, le chien, la souris trottinant sur la table au moyen d'un mouvement d'horlogerie coûtaient fort cher. Aujourd'hui, on est arrivé à fabriquer les mêmes jouets à des prix abordables. Ce qui coûtait, il y a une dizaine d'années, douze et quinze francs, revient actuellement à cinq ou six francs.
Des jouets à la fois intéressants et instructifs sont ceux qui représentent quelques unes des nombreuses productions de l'électricité . On est arrivé à faire de petits appareils aussi simples que coquets, fonctionnant parfaitement. Sans parler de la machine électrique, nous citerons la galvanoplastie, procédé qui permet aux enfants de mouler des médailles en plomb et en étain au moyen de l'électricité. Il y a également des moteurs, des chemins de fer, de petites bobines Rhum-korft, etc... Le seul inconvénient de ces jouets, c'est que leur prix un peu élevé ne permet pas de les mettre entre les mains de tous les enfants.
Paul BaretLes robotsYves TANIOUL'histoire du robot-jouet est étroitement liée a celle du jouet japonais d'après-guerre, du moins en ce qui concerne les robots en tôle emboutie (les plus collectionnés) fabriqués entre le début des années cinquante et la fin des années soixante. En effet, ces robots-jouets sont de fabrication japonaise à 95 %. Quand on sait que plusieurs centaines de ces modèles différents ont vu le jour (robots et jouets de l'espace additionnés) et que d'autre part les robots ne sont qu'un des thèmes parmi des dizaines d'autres que les japonais exploitèrent comme créneau de fabrication, on mesure l'ampleur que pouvait avoir l'industrie du Jouet au Japon au lendemain de la 2e guerre mondiale et ce pendant une vingtaine d'années.La collection se divise en fait en quatre thèmes spécifiques:
les robots Les astronautes Les jouets de l'espace Les supers héros.Nos robots et astronautes sont animés - soit par un moteur mécanique (wind-up) soit par un moteur électrique (battery operated) certains plus sophistiqués sont téléguidés (remote control).Le premier robot recensé s'appelle « LILIPUT» (marque: KT) fabriqué au Japon entre 1940 et 1942 il mesure 16 cm et un ingénieux système d'ergots qui sortent alternativement de ses « jambes » lui permet d'avancer en lui donnant une démarche très appropriée, son aspect très naïf et sa rareté en font une pièce très convoitée des collectionneurs.Chronologiquement le second se nomme « ATOMIC ROBOT » et fonctionne sur le même principe que le précédent, il mesure 13 cm et date des années 1946-1948. Quoique pas trop rare c'est à juste titre un grand classique très apprécié.Citons également deux robots « ancêtres» non-japonais du tout début des années cinquante le « NANDO» (marque: O.P.S.E.T.) nous vient d'Italie, il mesure 12cm et c'est une poire actionnant une membrane caoutchouc qui le fait avancer tourner la tête.L'autre est allemand et mesure 19 cm, il est intéressant de noter la ressemblance existant entre ce robot allemand et son homologue japonais « le MECHANICAL BRAIN » (marque ALPS) légèrement postérieur. Ce dernier a d'ailleurs la particularité d'avoir un moteur mécanique pour avancer et une pile dans la tête qui permet aux ampoules remplaçant ses mains de s'allumer. Après ces quelques « ancêtres» passons aux modèles de la fin des années cinquante, plus grands, plus riches en couleurs et en lithographies bien souvent électriques et donc plus sophistiqués. C'est le cas du « MECHANIZED ROBOT » (marque: SHOWA) en fait le célèbre « ROBBY » plus connu dans le jargon des collectionneurs sous le nom de « grand Robby. (bien sûr à cause de sa taille de 34 cm) qui fut fabriqué après la sortie du film de Science fiction américain « Planète interdite». C'est à mon avis l'époque la plus riche où les plus beaux robots furent fabriqués (1958-1963). On peut d'ailleurs remarquer que le même moule servit à la fabrication de différents modèles, c'est le cas du « grand Robby» dont le moule du corps fut utilisé pour deux autres jouets: « le Grand Astronaute» au talkie Walkie et le « Iron man» (dessin animé japonais). A propos de l'as- tronaute au talkie walkie, je pense que c'est le plus beau modèle d'astronaute fabriqué, il existe en deux couleurs, rouge et bleu également dans une version sans talkie-walkie et avec un visage enfantin. Il va sans dire que c'est un « must très recherché Robby le héros de «Planète interdite» a beaucoup inspiré les fabricants japonais puisqu'une bonne douzaine de jouets différents ont été conçus en s'inspirant directement de ce personnage mais sans jamais mentionner le nom de ROBBY sur le jouet ou sur sa boîte pour ne pas avoir à payer de droits de reproduction. On était encore loin des sévères contrôles de Stephen Spielberg pour son « E.T.».Néanmoins un jouet représentant Robby sur son char de l'espace (très fidèle par rapport au film) mentionne le nom sur chaque côté du jouet. C'est le « ROBBY SPACE PATROL». Toutes les pièces à l'effigie de ROBBY sont bien sûr très collectionnée. mais c'est sans aucun doute le « ROBBY SPACE PATROL» le plus rare et le plus convoité.D'autres belles pièces de grande taille tel que le « SMOCKING SPACE MAN » (Marque: Linemar) de 30 cm qui illustre la couverture du livre de Pierre Boogaerts « ce ROBOT existe en gris métallisé et en bleu. « L'ASTRONAUTE » Cragstan de 35 cm avec sa mitraillette et ses pieds plats existe en rouge et en bleu ainsi qu'une version avec une tête en caoutchouc particulièrement laide.Il y a également ceux que l'on appelle les « GRANDS ROBES ,., « Grands » (26 cm) et « Robes » parce qu'ils n'ont pas de jambes. Ces robots de toute beauté sont parmi les plus recherchés, il en existe cinq variantes aux décors différents.Robby space patrol, 2 MisterAtomic , 4 grands jupes ou robesAvant de conclure, quelques mots sur un robot qui fait beaucoup parler de lui, le fameux « MISTER ATOMIC» (marque: Cragstan) haut de 28 cm. De tous les robots-jouets c'est le MISTER ATOMIC avec son cri d'oiseau et ses nombreuses ampoules que les collectionneurs ont élu comme vedette. On en connaît tous un, qui dort dans un grenier, et sommes tous prêts à monter une expédition pour aller le récupérer. Il existe en bleu et en gris-argent ainsi qu'en marron clair paraît-il ?Pour finir quelques conseils: les robots sont devenus des jouets de collection à part entière donc plus question de les trouver pour rien chez les marchands .Les robots sont présents dans toutes les bourses de jouets (toy-show) à travers le monde.Essayez aussi les marchés aux puces et les foires à la brocante tout en sachant que la France a été très peu fournie en robots par rapport à la Belgique ou à l'Italie par exemple. Sachez également que beaucoup de collectionneurs de robots se connaissent et qu'il est donc facile de faire des échanges. Enfin, et c'est le plus important, fiez-vous à votre goût et à vos impressions. Chaque collection a ses particularités et ses pièces fétiches.Sur ce, je vous souhaite plein de belles découvertes.Yves TANIOU.web site : www.borobo.com